MUSEOS DE LA SEDA / SILK MUSEUMS
8 Chobaut, Les origines de la sériciculture ; Reynier, Elie, La soie en Vivarais , Largentière, Mazel, 1921, p. 17 ; Isambert, Taillandier, Decrusy, Re- cueil général des anciennes lois françaises , T. XV, août 1589-mai1610, Paris, Belin-Le- prieur, 1829, p. 291. 9 Groffier Valérien, « La production de la soie dans le monde », Annales de Géographie , 9, n°44, p. 111-112, voir note 4. Caron, Marie-Antoinette, La production de la soie brute en France , Lyon, Au- din, 1946, p. 16, fig.1. 10 Ibid. p. 32, fig. 3 and table 1. dans les zones représentées en vert foncé sur la carte dessinée par Léon Clugnet en 1876 (fig. 1), et ils sont aussi les plus denses sur celles établies par Valérien Groffier en 1900 et par Marie-Madeleine Caron en 1945 11 . Une parfaite adaptation de la géographie et du climat à la sériciculture, et la longue coexistence entre les hommes et les vers à soie ont probablement joué un rôle dans cette résistance, tout comme la taille relativement limitée des exploitations agricoles et la présence d’une population alors dense mises en évidence par les divers auteurs déjà cités 12 . Mais un autre facteur plus récent fournit une clef explicative intéressante. Il s’agit du mouvement de renouveau de la production de la soie en Cévennes qui s’est maintenu pendant les trois dernières décennies du XX e siècle d’après la démonstration de Françoise Clavairolle, actrice du mouvement et anthropologue 13 . Ce mouvement de relance séricicole a été encouragé dès la fin des années 1940 par la station séricicole d’Alès et tout particulièrement par son directeur André Schenk, puis par la création du Parc National des Cévennes en septembre 1970. Il a été soutenu par la création en 1977 de l’Association pour le développement de la sériciculture en Cévennes (ADSC) dont l’objectif était de relancer à la fois l’éducation des vers à soie, la filature, et le tissage de la soie. Dans les années 1980, l’association s’est orientée vers un projet de ‘Chemins de la soie’ prônant des stratégies contemporaines en même temps qu’un regard compréhensif sur le passé 14 . Ce projet rencontrera celui de l’itinéraire européen de la soie initié par le Conseil de l’Europe à partir de 1988, mais l’idée d’ouvrir des musées en Cévennes était déjà devenue une réalité. LES MUSÉES DE LA SOIE EN CÉVENNES Le Musée de la soie de Saint-Hippolyte-du-Fort a en effet été créé en 1984 par l’ADSC. Ses collections provenaient de l’atelier de Gréfeuilhe, une unité de production ouverte dans la voisineMonoblet par Michel Costa, un instituteur qui s’était formé aux différentes étapes du travail de la soie, depuis la sériciculture jusqu’au tissage. Installé dans un bâtiment appartenant à la municipalité, le musée a fermé en 2011, pour rouvrir deux ans plus tard après que la mairie eut acheté les collections et fait les travaux nécessaires pour rendre le site conforme aux normes de sécurité exigées pour un lieu public. Le musée comprend une magnanerie (fig. 2) où le cycle complet de l’éducation des vers à soie est présenté d’avril à octobre à travers des groupes de vers à différents âges de développement. Des chenilles d’une espèce sauvage comme le Samia ricini ou Eri ont été occasionnellement élevées ces dernières années. Un panneau dédié à diverses soies sauvages est d’ailleurs inclus dans l’exposition. Suit 11 Ibid p. 24, fig. 2 et p. 96 ; Clugnet, Léon, Géographie de la soie , Lyon, H. Georg, 1877. Cette carte est le résultat d’un concours lancé par la Société deGéographie de Lyon en avril 1874 et clos une année plus tard. Les recherches sur la production de fibres textiles étant alors menées prioritairement par des géographes, il n’est pas surprenant que de nombreuses cartes de répartition de ces fibres aient vu le jour à différents moments. Ne sont mentionnées ici que les plus utiles pour donner une idée du contexte dans lequel les musées de la soie ont été créés. 12 Et par Clavairolle, Françoise, Le magnan et l’arbre d’or. Regards anthropologiques sur la dynamique des savoirs et de la production. Cévennes 1800-1960 , Paris,MSH, 2003, p. 49-85. 141
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