MUSEOS DE LA SEDA / SILK MUSEUMS

Musées de la soie en France: patrimonialisation des espaces, matières, objets, et savoirs SOPHIE DESROSIERS École d’Hautes Études en Sciences Sociales de Paris INTRODUCTION 1 La France a connu un riche passé séricicole exclusivement fondé sur l’éducation des vers à soie du Bombyx mori , une espèce domestique qui se nourrit de feuilles de mûrier. Cinq musées dans les régions historiquement marquées par l’éducation des vers à soie et par la filature des cocons peuvent se réclamer aujourd’hui de ce passé. Les deux premiers – le Musée de la soie à Saint-Hippolyte-du-Fort, et Maison Rouge, Musée des vallées cévenoles à Saint-Jean-du-Gard – se trouvent dans la région des Cévennes au sud-ouest de la vallée du Rhône, pas loin de la ville d’Alès où le tissage de la soie et la sériciculture sont attestés depuis le XIII e siècle. Deux autres musées - Verasoie, musée magnanerie 2 à Lagorce, et Les Ateliers du Moulinet à Largentière – sont installés dans le sud de l’Ardèche, au nord des Cévennes et toujours à l’ouest du Rhône, tandis que le cinquième – l’ Atelier-Musée de la soie – est à Taulignan de l’autre côté de la vallée du Rhône, dans la Drôme Provençale. Sur ces mêmes territoires ou à leur marge, et dans le Val de Loire où la sériciculture a connu un développement différent, avec une moindre survivance des savoirs et outillages séricicoles, on trouve un nombre fluctuant de sites et de musées proposant aux visiteurs entre avril et octobre l’observation d’éducations de vers à soie. Après une courte présentation de l’histoire de la sériciculture en France qui permettra de comprendre l’ancrage local des cinq ‘musées de la soie’, je présenterai leurs situations spécifiques, à l’intérieur de chaque région. 1 En février 2017, Germán Navarro et Ricard Huerta m’ont demandé de présenter à la Silk Museums Inter- national Conference de Valencia la situation des musées de la soie en France. La sérici- culture et la filature actuelles ne font pas partie de mes thèmes de recherche plutôt axés sur le tissage de la soie jusqu’au début de la période mo- derne. Néanmoins, j’ai accepté et je dois les remercier pour cette invitation car cette brève enquête m’a permis de me- surer des différences régionales intéres- santes, de rencontrer des personnages qui ont des savoirs et une réelle passion pour la soie et la sériciculture, et de m’intéresser de plus près à cette par- tie très attachante de la production même du fil de soie grège. C’est grâce à un fi- nancement spécial de l’EHESS (Fonds de la recherche 2017-2018) que j’ai pu visiter plu- sieurs sites et musées liés à la sériciculture en France et en Italie. 139

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